Chaque année en septembre, lorsque l’air chaud de l’été commence à rafraîchir et que les feuilles prennent des teintes rouge, orange et jaune vif, nos pensées voguent naturellement vers cette période si magique de l’année. Partout dans le monde, la rentrée scolaire évoque des images de parents poussant joyeusement leur chariot le long des allées, les remplissant de cahiers et de crayons, tandis que leurs enfants, moins enthousiastes, traînent la patte derrière.
Cette année, cependant, la rentrée ne s’annonce pas comme les autres. En raison de la COVID-19, de nombreux parents préfèrent commander leurs fournitures scolaires sur Internet. Les masques et les désinfectants pour les mains sont désormais indispensables et, pour beaucoup de familles, la liste des fournitures inclut des outils technologiques pour pouvoir suivre des cours à distance.
Tout comme les familles canadiennes, les familles du monde entier se préparent à une rentrée scolaire des plus incertaines.
Avant l’éclosion de la COVID-19, on estimait à environ 258 millions le nombre d’enfants et de jeunes n’allant pas à l’école dans le monde entier. Mais, d’après la Banque mondiale, plus d’un milliard d’enfants ont été touchés par la fermeture des écoles en raison de la pandémie de COVID-19. De nombreux enfants issus de milieux privilégiés et de pays à revenus élevés ont pu s’adapter à l’apprentissage en ligne, mais de nombreux autres enfants vulnérables se sont retrouvés sur le carreau.
Sans accès à l’éducation, les enfants vulnérables des pays à faibles revenus doivent faire face à de plus grandes difficultés encore, telles que des possibilités d’avenir plus restreintes, ainsi qu’un plus grand risque d’être soumis à des violences ou de faire l’objet d’un mariage infantile.
Vision Mondiale a à cœur de faire en sorte que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité. En cette période de COVID-19, il est essentiel d’innover pour rendre l’accès à l’éducation possible dans les régions les plus difficiles du monde.
Voici cinq exemples qui montrent des façons innovantes de suivre des cours dans différents pays du monde :
Isaac, Ouganda
Photo: Aggrey Nyondwa
Isaac, 14 ans, vit dans le camp de réfugiés de Bidibidi, en Ouganda, avec son petit frère, ainsi que sa mère de famille d’accueil et ses trois frères et sœurs de famille d’accueil. Originaires du Soudan du Sud, son frère et lui ont fui le conflit qui y faisait rage en 2017.
Avant l’éclosion de la COVID-19, ils se rendaient à l’école tous les jours à 7 h 30 et aidaient leur mère de famille d’accueil dans les champs les fins de semaine. Lorsque les écoles ont fermé, des cours radiodiffusés ont été instaurés, et ils ont ainsi pu poursuivre leur éducation. Mais peu de temps après, la vieille radio de la famille a cessé de fonctionner.
L’équipe de Vision Mondiale en Ouganda a compris leur besoin et s’est mise à distribuer des radios aux enfants et aux familles les plus vulnérables du camp, à commencer par les enfants issus de familles avec un chef de famille mineur ou de familles d’accueil, comme celle d’Isaac.
Isaac et ses frères et sœurs font partie des 15 millions d’enfants qui ont été touchés par la fermeture des écoles en mars dernier en Ouganda.
« Certains de mes amis vivent très loin. Je ne pouvais les voir qu’à l’école. Ils me manquent, et ça me manque aussi d’apprendre de nouvelles choses », explique Isaac. « Je veux travailler dur et devenir plus tard le président du Soudan du Sud. Je veux rétablir la paix dans notre pays. C’est pour cette raison que je veux y retourner. »
Nexi, Philippines
Photo: Girlie Legaspi
Nexi, 12 ans, est inscrite au programme de parrainage d’enfants aux Philippines. L’année dernière, elle a obtenu les meilleures notes de sa classe et a été récompensée lors d’une cérémonie en ligne. « J’espérais pouvoir monter sur l’estrade avec mes parents pour recevoir mon prix. Malheureusement, à cause de la COVID-19, cela n’a pas pu avoir lieu. Mais je comprends que c’est pour notre sécurité », déclare-t-elle.
Comme la plupart des enfants, Nexi préfère malgré tout les cours en présentiel. À ses yeux, il n’y a rien de mieux que de raconter des anecdotes à ses amies ou de travailler avec elles.
Aux Philippines, la pandémie a eu un impact sur la scolarité de plus de 20 millions d’élèves. Étant donné que le nombre de cas de COVID-19 continue à augmenter, le ministère de l’Éducation a repoussé la reprise des cours en présentiel jusqu’à ce qu’un vaccin soit mis au point. À la place, le gouvernement met en place des cours à distance ou mixtes en utilisant la radio, la télévision, Internet et des méthodologies d’apprentissage modulaire.
Comme la famille de Nexi ne dispose que d’un accès limité à Internet et aux autres technologies, son école va lui fournir des modules sur papier afin qu’elle puisse travailler à distance.
Mais quelle que soit la méthode d’apprentissage, Nexi est déterminée à faire de son mieux. « Je sais qu’il faudra surmonter certaines difficultés lorsque nous reprendrons l’école, mais je ferai quand même de mon mieux. Je veux étudier sérieusement pour pouvoir devenir ingénieure un jour », nous confie-t-elle.
Nahed, Jordanie
Photo: Elias Abu Ata
Nahed enseigne depuis 2015 dans le cadre du programme de rattrapage scolaire mis en place par Vision Mondiale en Jordanie. Elle enseigne l’anglais aux enfants jordaniens ainsi qu’à des enfants réfugiés syriens. L’objectif du programme est d’éviter que les enfants ayant des difficultés scolaires n’abandonnent l’école.
Lorsque la crise de la COVID-19 a éclaté, Nahed et les autres enseignants du programme ont été formés à l’enseignement à distance, enseignement reposant sur des outils comme WhatsApp et Zoom.
« Les méthodes d’enseignement à distance m’inquiétaient beaucoup, mais depuis que j’ai commencé à faire cours tout en restant chez moi, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une expérience bien différente de ce à quoi je m’attendais. J’ai l’impression d’avoir mes élèves en cours avec moi. Les interactions en ligne sur les groupes WhatsApp et les sessions hebdomadaires sur Zoom me permettent de voir si les élèves ont bien compris les leçons et s’ils reçoivent correctement les supports de cours. Je suis heureuse de voir que mes élèves participent bien et envoient leurs travaux correctement et dans les temps. »
Santos, Ouganda
Photo: Aggrey Nyondwa
Santos, 23 ans, enseignant originaire du Soudan du Sud, vit dans le camp de réfugiés de Bidibidi, en Ouganda. Il a décidé de devenir enseignant pour venir expressément en aide aux enfants de sa communauté.
« Après avoir vu à quel point les enfants avaient des difficultés à apprendre, je me suis inscrit dans un cursus universitaire pour être enseignant au primaire et j’ai acquis les compétences nécessaires pour venir en aide à mon peuple », explique-t-il.
En mars, lorsque les écoles ont fermé, il a à nouveau été témoin des difficultés des enfants. Certains étaient désormais livrés à eux-mêmes chez eux, d’autres travaillaient avec leurs parents, et quelques filles du village étaient tombées enceintes. Cela l’a encouragé à mettre sur pied un programme d’apprentissage mobile, dans le cadre duquel il a travaillé bénévolement pendant le confinement.
Santos prend en charge des groupes d’un maximum de dix élèves et s’assure toujours qu’il y ait une station de lavage des mains là où il enseigne. Les enfants doivent se laver les mains au début et à la fin du cours.
Autant que faire se peut, il enseigne en plein air pour permettre une distanciation physique suffisante. Pendant les cours, il reste à bonne distance des élèves et a développé une façon innovante d’évaluer à distance, avec ses yeux.
María, Colombie
Photo: équipe du programme Education Cannot Wait
María fait partie de la communauté autochtone des Wiwas, qui vit dans la région de La Guajira, en Colombie, où la diversité ethnique est forte. Pendant le confinement, elle et d’autres femmes de sa communauté ont commencé à enseigner à tisser des sacs aux enfants et aux jeunes, une tradition vieille de plusieurs centaines d’années.
En partenariat avec le programme Education Cannot Wait, Vision Mondiale Colombie fournit des matériaux culturellement adaptés aux communautés indigènes des Wayu, des Wiwas et des Koguis, ainsi qu’aux communautés afro-colombiennes de la région, afin de promouvoir les formes d’art traditionnelles telles que le tissage, la peinture et l’art de conter. L’objectif est de renforcer le sentiment de communauté et de favoriser la transmission du savoir et de l’histoire des peuples aux générations futures, tout en permettant à ces dernières d’acquérir une nouvelle compétence.
« Dans notre culture, le tissage est très important », explique María. « Lorsque nous tissons, nous construisons. D’abord, nous devons construire quelque chose sur le plan spirituel. Nous commençons par quelque chose de petit et nous le faisons grandir. Quand je tisse, je grandis moi aussi. Si j’apprends à tisser correctement, je mènerai une bonne vie. Le tissage est comme une communauté. Lorsqu’on commence à petite échelle et qu’on travaille ensemble, il en résulte de bonnes choses. »