Café et moi
Café était réputée pour servir le meilleur café de sa communauté, lui valant son surnom. Elle le préparait chez elle à l’aide d’une presse française et d’un brûleur à gaz. Elle achetait de l’eau potable à un camion qui arpentait son quartier tous les jours. Elle utilisait du café dominicain acheté auprès du magasin voisin, dont elle adoucissait l’amertume à l’aide de cannes à sucre vendues par des enfants dans les rues.
J’ai rencontré Café non pas autour d’une table, mais sur un chantier. Je faisais partie d’une équipe d’étudiants canadiens intervenant auprès de jeunes d'une communauté dominicaine locale à laquelle de jeunes volontaires de Vision Mondiale et moi-même rendions visite. Nous participions à la reconstruction de la maison du voisin de Café, endommagée par des années d’inondation.
Il faisait très chaud le jour où j’ai fait sa connaissance. J’étais couvert de sueur et de poussière quand elle est apparue sur le chantier. Elle apportait aux ouvriers leur dose quotidienne de réconfort.
La communauté entière s’impliquait dans ce projet de construction de maison et Café se chargeait de la pause café de l'équipe. Elle m’a abordé et fait goûter son café en premier, me tendant le thermos et insistant pour que je boive directement à la source.
Je me tenais au centre du chantier, le thermos chaud entre mes gants de travail. J’ai lentement versé le café sucré dans ma bouche en pensant à la façon dont j’enfreignais la tradition familiale en ne respectant pas l’heure du thé.
C’était un délice ! Un mélange parfait de café et de caramel. Tandis que je m’attaquais à ma première gorgée, Café a distribué toutes les tasses qu'elle avait apportées aux autres ouvriers, a récupéré le thermos et rempli leurs tasses. Lorsqu’elle m’a rendu le thermos avec ce qu’il y restait de café, je me suis senti à la fois honoré et fier.
Café m’a fait un don de la plus belle des façons. Certes, elle n’était pas suffisamment forte physiquement pour participer à la construction, mais elle nous a fait don de sa propre force : son café. Elle ne cherchait pas à se débarrasser de son excédent d’eau potable, de café, de gaz et de tasses. Elle a donné ce qu’elle pouvait. Café ne s’est pas gardé la part du lion sous prétexte qu’elle le méritait. Elle m’a fait don de la première et de la dernière gorgée.
Sa générosité m’a profondément touché. C’est le genre de générosité qui transforme à la fois celui qui donne et celui qui reçoit.
Café s’adonnant à son art : la préparation du café tout en générosité
Nous cherchons souvent des moyens de donner qui nous impacteront le moins possible. Nous faisons don de ce qui ne nous est plus nécessaire, mais cette démarche est réductrice. La générosité peut élever les autres et rapprocher les individus. Et donner ce que nous avons ne peut que nous faire grandir.
La générosité a le pouvoir de nous transformer si nous y sommes ouverts