L’enfance assiégée
Marie, République démocratique du Congo
Les filles et les garçons méritent de grandir à l’abri des mauvais traitements et de l’exploitation. Mais dans les endroits les plus dangereux du monde, l’enfance est souvent la première victime. Voici l’histoire de Marie.
Avertissement : contient des descriptions de violence envers les enfants
« Ils sont entrés dans ma maison et m’ont enlevée. »
C’était le soir dans le village de Marie en République démocratique du Congo. Le repas était terminé. Les familles profitaient de la fraicheur de la soirée, assises autour de la lanterne, riant et racontant des histoires.
Soudainement, des coups de fusil ont percé la nuit. Et la vie de Marie a été fracassée.
Avant les fusils, il y avait son enfance en tant que fille de 15 ans dans une ferme. Après les fusils se trouvait une vie d’adulte forcée comme femme d’un soldat rebelle.
« Les hommes sont venus, se rappelle-t-elle. Ils tiraient des coups de fusil partout. » Les soldats étaient en mission. Ils ont commencé à enlever des enfants de leurs maisons, de leurs lits.
« Ils sont entrés dans ma maison et m’ont prise, raconte Marie. De nombreuses autres filles ont été capturées à ce temps-là. » Les hommes ont entrainé les enfants dans la forêt. Marie a été violée. Les filles qui résistaient trop étaient rapidement tuées.
En peu de temps, Marie était « mariée » à l’un des hommes. Pendant plus de deux ans, elle remplissait toutes les fonctions de « femme » dans les conditions les plus pénibles.
« Nous vivions dans la forêt. Il n’y avait pas de maison. Nous dormions sur le sol, avec les moustiques et les animaux sauvages. Ma vie était marquée par la détresse et la maladie. »
Le nouveau « mari » de Marie était un rebelle qui partait combattre la nuit.
Lorsqu’elle a été enlevée de son village, Marie s’est jointe à des milliers d’enfants dans le monde qui sont forcés à subir la brutalité des conflits armés. Leur mort importe peu sur le champ de bataille et ils sont remplaçables de retour au camp.
En tant que fille mariée de force, Marie faisait aussi partie d’un autre groupe : celui des enfants subissant les horreurs de la violence sexuelle qui résultent d’un conflit armé et du déplacement causé par ce dernier. Le tourment de Marie s’est poursuivi, jour après jour, ravageant son corps et son âme.
« Je pensais à m’enlever la vie », se rappelle-t-elle. Enfin, Marie savait qu’il était temps de fuir, peu importe les conséquences.
Pourtant, échapper à un groupe de soldats brutaux n’est pas chose facile. Marie avait besoin d’éviter d’être détectée, vivre en pleine nature pendant des semaines et parcourir une grande distance à pied. Étant donné le peu de bons choix qui lui étaient offerts, Marie a décidé de prendre le risque et de s’enfuir.
Grâce à son courage, sa débrouillardise et sa détermination, Marie a marché jusqu’au Burundi. Mais elle ne pouvait pas y rester. Son « mari » avait envoyé une équipe à ses trousses. Avec le peu d’argent qu’elle avait, Marie s’est rendue en autobus en Ouganda où un étranger compatissant a payé son billet d’autobus jusqu’au Kenya.
Aujourd’hui, Marie a 18 ans et vit dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya. Elle a retrouvé une ancienne amie au camp. Ensemble, elles reconstruisent lentement leurs vies. Marie apprend à tresser les cheveux, une habileté qui, elle espère, deviendra son moyen de subsistance à l’avenir.
Finalement, il y a une chose dont Marie n’a pas besoin de s’inquiéter – la nourriture. Des travailleurs de Vision Mondiale installés dans le camp distribuent des provisions du Programme alimentaire mondial. Les soirs, Marie et son amie peuvent allumer un feu, remplir une marmite et partager un repas ensemble.
Entre-temps, en RDC, Vision Mondiale travaille pour empêcher que d’autres enfants soient recrutés de force dans le combat et pour réhabiliter d’anciens enfants-soldats à la source, les ramenant dans l’enfance et la communauté plus large afin que plus d’enfants vivent à l’abri de la peur et de la violence, protégés des mauvais traitements et de l’exploitation.
Pour une fille comme Marie qui a été privée de paix, de protection et de confort, c’est un point de départ important.
La pauvreté mondiale recule, mais elle est devenue plus concentrée dans les endroits les plus sombres du monde. Au cours de la prochaine décennie, plus de 80 % des enfants et des familles les plus pauvres du monde habiteront les endroits les plus dangereux où les vies et les avenirs sont menacés par les conflits et les catastrophes. Joignez-vous au mouvement et agissez contre l’injustice. Découvrez comment vous pouvez aider.