Entre beauté et défis, le récit de voyage d’une danseuse au Salvador

janv. 31, 2019
LECTURE DE 4-MINUTES
Par Jess Ortaleza, danseuse et chorégraphe professionnelle

En juillet 2018, je me suis rendue au Salvador avec Kindred Culture, un groupe de danseurs que j’ai le privilège de compter parmi mes amis. Note but était de découvrir le programme It Takes A World de Vision Mondiale, grâce auquel des étudiants, familles, communautés et leaders se sont rassemblés pour réclamer un avenir meilleur pour le Salvador, débarrassé des violences contre les personnes, surtout les enfants.
 
Ces neuf jours inspirants ont changé ma vie. Ces enfants ont en eux tant de beauté, de résilience, de détermination et d’amour que le reste du monde devrait comprendre, observer et vivre.
 
J’ai été témoin de cet amour, et je voudrais partager mon récit de voyage avec vous. Relire les pensées et sentiments que j’avais décrits sur le papier à ce moment m’encourage à poursuivre mes actions en faveur du changement, et j’espère que je saurai aussi vous inspirer!
 
SALVADOR — 2e JOUR (23/07/2018): Lors de notre premier jour complet au Salvador, nous avons visité le Centro Escolar Colonia Guayacañ, situé à San Salvador.
 
Un grand défi, mais aussi une grande beauté, puisque nous avons appris beaucoup de choses au sujet de la violence au Salvador.

Une camionnette de Vision Mondiale stationné à un belvédère au Salvador
Notre véhicule pour la semaine! Photo : Jess Ortaleza 

Pendant notre trajet vers l’école, l’équipe de Vision Mondiale nous a parlé des difficultés engendrées par la violence dans les communautés dans l’ensemble du Salvador, et de ses conséquences sur la jeunesse. Les élèves d’une classe de 9e année, qui avait présenté un petit spectacle pour nous, nous ont confié qu’ils avaient conscience des violences qui avaient lieu dans leurs communautés. Ils étaient très au fait des problèmes actuels.
 
Mais il y avait une grande beauté dans tout cela : la résilience et l’espoir d’un avenir meilleur dont faisaient preuve ces élèves. Une des élèves a dit : « Nous pouvons faire changer les choses » et la classe entière a approuvé. Une scène puissante que nous avons eu la chance de pouvoir observer et comprendre. Ils sont de parfaits exemples d’acteurs de changement de par leur réflexion sur la sécurité et la violence dès un jeune âge, ainsi que les moyens par lesquels ils les surmontent, notamment grâce aux arts.
 
SALVADOR — 3e JOUR (24/07/2018): Nous avons visité une école à Soyapango, où nous avons été accueillis avec des présentations et des spectacles préparés par les élèves.
 
Un grand défi, mais aussi une grande beauté : nous avons visité l’exposition d’art et avons appris quelles étaient les difficultés que ces jeunes rencontraient en matière d’accès aux jeux et de défense de leurs droits. Grâce aux peintures, ils peuvent faire entendre leur voix.
 
L’une des peintures en particulier a été réalisée par un groupe de jeunes garçons en 12e année et représentait des enfants dont les silhouettes noires se découpaient sur un fond d’arbres et de ciel bleu. Lorsque nous leur avons demandé de décrire leur peinture, les garçons nous ont expliqué que cela venait de leurs réflexions sur l’accès aux jeux : parfois, jouer dehors est impossible pour un enfant salvadorien. C’est comme cela que j’ai réalisé la brutalité du quotidien au Salvador et la manière dont cela affectait la sécurité des enfants hors de chez eux ou de l’école, ainsi que la façon dont ils voyaient l’espace public. Les espaces publics comme les parcs, les terrains de basketball, les champs ou autres ont une tout autre signification pour eux que pour moi, depuis mon enfance.
 
Three young men hold a painting of children playing.
Les trois adolescents présentent leur peinture. Photo : Kim Rupnarain

Tout cela me donne l’inspiration et la motivation pour défendre leur communauté, mais aussi la nôtre, au Canada, à titre de professeure de danse, défenseure des arts et citoyenne qui peut profiter librement des lieux publics et installations vouées au divertissement sans avoir à s’inquiéter pour sa sécurité ou de savoir si ces lieux seront utilisés par des gangs de rue. Dans cette communauté, la jeunesse salvadorienne a quelque chose d’unique à offrir, et elle le cultive dans l’amour.
 
SALVADOR — 6e JOUR (27/07/2018): Pour moi, ce n’étaient pas les pas, les pirouettes ou les paillettes qui comptaient, mais le pays que nous visitions, les écoles que nous visitions, les amis avec qui je partageais la scène et des expériences, l’équipe de Vision Mondiale Salvador, les enseignants et les étudiants que j’ai rencontrés et appris à connaître. L’important, c’était le message que nous portions et les gens avec qui nous le partagions. C’était la marque que nous voulions laisser, et celle que j’ai gardée en moi.
 
Cela fait 10 ans que je danse et me produis sur scène. Je peux vous dire qu’à l’heure actuelle, je ne me suis jamais sentie aussi présente dans le moment que dans cette école de Ciudad Barrios pendant que je dansais pour ces élèves, ces enseignants, cette équipe, mes amis et moi-même. Je me rappelle de chaque visage, du large sourire des enfants, de la manière dont Juan était assis, d’où était Alfonso et du sentiment d’apaisement que je ressentais.
 
L’art que nous pratiquons est unique. Lorsque nous l’utilisons à juste escient et que nous sommes vraiment dans l’instant présent, c’est incroyablement satisfaisant. Laissons notre danse rassembler les gens et vivons l’expérience magique de voir l’art unir une communauté. Je veux continuer de participer à cela.

Jess et Kindred Culture appartiennent à un mouvement international qui ne connaît aucune frontière. Malgré leurs différences avec les jeunes qu’ils ont rencontrés au Salvador, ils sont déterminés à continuer d’utiliser leur art pour encourager des changements positifs. Vous pouvez également faire partie de ce mouvement en parrainant un enfant au Salvador.