Trouver son rythme avec la musique

sept. 13, 2019
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De nombreux parents craignent qu’une carrière dans les arts mène vers une vie d’artiste affamé. Dans un pays à la situation économique difficile comme le Guatemala, Tomasa était particulièrement inquiète que son fils, Gustavo, ne soit pas capable de subvenir à ses moyens avec le métier de musicien.

Les parents de Gustavo rêvaient que ses trois frères et sœurs et lui aient une vie meilleure et qu’ils deviennent médecins ou avocats. « Nous avons toujours prié pour qu’ils [leurs enfants] aient un bel avenir et une bonne profession, pour qu’ils soient de bonnes personnes et de bons adultes », nous confie Tomasa.

Alors que Tomasa et son mari éprouvaient des difficultés à subvenir aux besoins de leurs enfants, ils étaient loin d’avoir en tête une carrière musicale.

Le bon départ

Gustavo a grandi dans un foyer où les ressources étaient rares. Il est le plus âgé d’une famille de quatre enfants. Sa mère prépare des tortillas qu’elle vend au marché et son père fait de la vente en porte-à-porte.

Lorsqu’il était un jeune garçon, Gustavo et sa famille étaient aidés grâce au parrainage d’enfants. « J’étais heureux, car je savais qu’il y avait quelqu’un loin de moi qui s’inquiétais pour moi », confie Gustavo. Ces investissements dans le garçon ont porté fruit lorsque Gustavo a découvert la musique.
Ce sont le cousin de Gustavo et la promesse d’un dîner de poulet frit qui ont attiré le garçon à l’école de musique pour la première fois. Une fois entré, il n’a jamais regretté.

« Je ne sais pas si c’est la musique qui m’a trouvé ou moi qui l’ai trouvée, mais j’étais impatient que les samedis arrivent pour que je puisse me rendre aux cours de musique. C’était un endroit où nous pouvions être libres et en paix », se rappelle Gustavo.

Après avoir commencé en jouant de la flûte, il a été choisi pour jouer de l’alto. « Je n’avais jamais entendu parler de l’alto », dit-il. « Je ne connaissais que le violoncelle et le violon. J’étais simplement heureux qu’ils me donnent un instrument. »

Gustavo dans sa maison avec son alto reposant sur son cou en position de jeu.
Gustavo joue avec une passion et une habileté que seules des années de travail dévoué peuvent produire.
Photo: Heidi Isaza

Nourrir son âme

Il a commencé à suivre des cours, mais il s’exerçait aussi à la maison. « Plutôt que d’aller jouer dehors dans les rues, je restais à la maison pour répéter, répéter et répéter toute la soirée », nous confie Gustavo.

« Cela me rendait un peu folle de l’écouter durant aussi longtemps chaque jour », se remémore Tomasa en souriant.

Durant plusieurs années, la famille de Gustavo craignait que la musique ne permette jamais au garçon de subvenir à ses besoins. Puis, il a été invité à jouer au Costa Rica. Depuis, il a participé à des orchestres de jeunes en Amérique centrale, au Mexique et au Pérou, et il a même étudié durant trois mois au Conservatoire de musique de Paris, en France. 

Tomasa et Gustavo tiennent tous les deux l’alto, à l’extérieur de leur maison au Guatemala.
Gustavo en compagnie de sa mère, Tomasa, qui a joué un rôle important dans son succès. Malgré leur inquiétude quant à ses perspectives de carrière, les parents de Gustavo ne se sont pas ouvertement opposés à sa participation à l’école de musique, comme d’autres parents dans la communauté l’ont fait.
Photo: Heidi Isaza

Aller de l’avant

Aujourd’hui, l’homme de 21 ans qui était autrefois parrainé, enseigne à l’école de musique de Vision Mondiale. Tout comme il était encadré, Gustavo enseigne la musique et encourage ses élèves dans leurs projets. « Je leur dis qu’il y a bien plus que ce qu’ils peuvent voir devant eux », dit-il. « Ils devraient observer et apprendre de leurs expériences et erreurs. »

C’est un message qui va à l’encontre de la tradition à San Juan et il dit que Vision Mondiale a contribué à l’aider, lui et sa communauté. « Vision Mondiale aide de nombreuses personnes dans notre communauté, mais aussi dans d’autres », dit Gustavo. « Ils [les parrains] me disaient toujours d’aller de l’avant et de continuer à étudier, car ils m’aideraient », dit-il.

Malgré leurs craintes, la carrière musicale de Gustavo est déjà bien avancée. En plus d’offrir son temps à l’école de musique de Vision Mondiale, il se rend dans la capitale presque tous les jours pour donner des leçons privées d’alto qui lui rapportent 20 $ de l’heure.

« J’aimerais que Vision Mondiale continue à aider d’autres enfants. Cela fait une grande différence. Les rêves de nombreux jeunes sont transformés », confie Gustavo.

Gustavo enseigne à un jeune élève à jouer les bonnes notes sur le violon.
Gustavo consacre ses samedis à l’enseignement du violon et de l’alto à la prochaine génération à l’école de musique de Vision Mondiale.
Photo: Heidi Isaza