Quand les gens pensent à l’Éthiopie, c’est souvent le mot « famine » qui leur vient en tête.
Bon nombre d’entre nous se rappellent les nouvelles qui ont secoué le monde au mois d’octobre 1984. Les caméras de la BBC avaient capté des images de milliers d’enfants éthiopiens faibles, émaciés et groupés ensemble dans des camps, avec des mouches qui leur volaient autour de la tête aux cheveux rouille.
Ayant grandi dans les années 80, je me rappelle vivement les reportages télévisés puissants et bouleversants. C’était un grand sujet de conversation à la table avec ma famille, et aussi sur le terrain de jeux. Heureusement, l’apathie a pris fin avec une réponse internationale à laquelle ont participé gouvernements, entreprises, organismes d’aide et donateurs individuels. Des avions se sont rendus en Éthiopie chargés d’une aide alimentaire de survie. Et avec le temps, la situation s’est renversée.
La famine en Éthiopie était un tournant de son histoire – et de celle du monde. Cet événement a aidé à façonner le système humanitaire mondial que nous connaissons aujourd’hui, avec ses réponses rapides et coordonnées. Nos souvenirs de la famine existent comme des rappels constants que celle-ci ne doit simplement plus se reproduire.
Un stéréotype national
Pour moi, comme pour de nombreux gens, la famine en Éthiopie est devenue en quelque sorte un stéréotype africain. Jusqu’au jour où j’ai commencé à travailler pour Vision Mondiale, elle façonnait ma perception du pays, en dépit des changements impressionnants qui ont eu lieu dans les dernières décennies.
Récemment, j’ai eu l’honneur de visiter l’Éthiopie lors d’une mission à la recherche d’histoires à raconter. Ce que j’ai trouvé est un pays actif qui grandit et accomplit des choses. Des villes et des villages animés sont remplis d’enfants qui n’ont jamais connu la famine. Même la mention de la famine dans des conversations courantes laisse tout à fait perplexes de nombreuses personnes de la région. Il est vrai, la sécheresse et la faim continuent à poser d’énormes défis. Mais le pays a développé la capacité d’y faire face et d’intervenir, avec un espoir qui augmente de plus en plus en un avenir durable et sans faim.
L’auteur avec de nouveaux amis en Éthiopie. Photo : Max Moser
De merveilleux repas
Cet espoir était si évident lorsque j’ai eu le plaisir de me joindre aux familles dans leur foyer pour partager un repas avec elles. Partout dans le pays, j’ai vu des amis et des proches qui souffraient autrefois de pauvreté extrême et de malnutrition se rassembler pour préparer des repas qui nourrissent, satisfont et même apportent la joie. J’ai constaté de mes propres yeux les effets des programmes de Vision Mondiale. De plus en plus de personnes ont l’occasion d’apprécier pleinement leur incroyable et unique culture alimentaire et d’envisager un avenir meilleur.
Pendant qu’on verse les cafés cérémoniaux, comme du thé anglais, la conversation peut facilement se diriger vers les athlètes de l’Éthiopie de renommée internationale – dont la plupart sont nés dans les années qui ont suivi la famine – ou vers ses 53 médailles olympiques. Un visiteur canadien pourrait entendre parler des prix internationaux remportés par l’Éthiopie pour ses grains et mélanges de café pratiquement imbattables. Dans de petits cafés à travers le pays, personne n’apprécie le café éthiopien plus que les Éthiopiens eux-mêmes. Dans un de ces petits cafés, j’ai siroté un café fait de grains fraîchement torréfiés tout à fait exquis.
Un autre type d’avion dans le ciel
L’Éthiopie s’est transformée au cours des 30 dernières années, et aujourd’hui, il en va de même pour toutes mes perceptions et idées préconçues. Alors que la casserole mijote sur le feu et que les familles et les amis mangent ensemble l’injera, le pain quotidien, il arrive souvent qu’ils parlent des accomplissements de leur pays avec fierté. L’Éthiopie est l’une des économies de l’Afrique qui croissent le plus rapidement. Il s’agit aussi d’un centre politique, car c’est en Éthiopie que se trouve le siège de la puissante Union africaine, un organisme dirigeant unificateur à l’instar de l’Union européenne.
Asfaw vit dans la vallée qui a été durement frappée par la famine éthiopienne en 1986. Sa famille cultive maintenant des avocats, des mangues, des citrons, des bananes et du café en abondance. Ces récoltes sont suffisantes pour nourrir la famille toute l’année et la vente du surplus lui permet d’acheter des fournitures scolaires, entre autres. Photo: Chris Huber
Nous ne sommes pas en présence de l’Éthiopie de nos parents. Le pays qui recevait des parachutages d’aide alimentaire en 1984 dispose aujourd’hui de la plus grande compagnie aérienne nationale du continent africain. Les gens qui visitent Addis-Abeba, la capitale, pourraient être surpris par les paysages urbains modernes parsemés de tours de bureaux, de cafés et de restaurants.
Ne nous y trompons pas : personne ne va oublier la famine de 1984 ni tous les efforts acharnés que les Éthiopiens continuent à déployer pour vaincre la pauvreté. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas célébrer les incroyables acquis de l’Éthiopie et l’aider à les développer, et aussi apprendre de son peuple.
Il est essentiel que nous ouvrions notre esprit à tout ce que l’Éthiopie célèbre, y compris les nombreux plats merveilleux que les familles éthiopiennes partagent ensemble. Vous pourriez même songer à la possibilité de visiter le pays un jour. Préparez-vous à déguster un repas que vous n’allez jamais oublier!
Croyez-vous en un monde Sans faim? Apprenez-en davantage ici!
Par Brett Tarver