Nous traversons une crise mondiale. Le nouveau coronavirus a mis en lumière les nombreuses failles de notre système et a rendu des millions de personnes plus vulnérables. Au lendemain de la pandémie, nous nous trouvons confrontés à de nombreux enjeux, parmi lesquels
l’insécurité alimentaire (article en anglais), même ici, au Canada.
Toutefois, pour des millions de personnes dans le monde, ce problème n’est pas nouveau. En 2018, on estimait à plus de
700 millions le nombre de personnes exposées à une grave insécurité alimentaire. Parmi elles, 135 millions étaient confrontées à une insécurité alimentaire chronique, et d’ici la fin 2021, la COVID-19 et ses répercussions pourraient
les conduire à la famine (article en anglais).
Au cours de l’Histoire, la famine a frappé différents endroits du monde. Plus récemment, elle sévissait au Soudan du Sud, en Somalie et en République démocratique du Congo. Il est difficile de croire que, malgré tous les progrès que nous avons réalisés en tant que société, des millions de personnes vivent encore sous la menace imminente de la famine.
Définition de la famine
« Famine » est un terme qui devrait être employé avec une grande prudence, car il est lourd de sens. Il s’agit d’un terme plus technique et complexe qu’il n’y paraît. Tout d’abord, il est important de faire la distinction entre crise alimentaire et famine.
Les crises alimentaires surviennent lorsque les communautés font face à une importante pénurie de nourriture. Elles peuvent se transformer en famine, mais seulement dans le cas où la pénurie est si grave et étendue qu’elle engendre la faim extrême,
la malnutrition (article en anglais) et la mort à grande échelle.
Le manque de nourriture et la détérioration de l’économie locale en raison des sécheresses obligent les enfants à arrêter l’école dans la province de Cunene, au sud de l’Angola. Ndjiole, 16 ans, devrait être à l’école. À la place, il a dû abandonner et quitter son foyer pour partir à la recherche de pâturages plus verts et d’eau pour le bétail, seul moyen de subsistance de sa famille. Cela fait maintenant six mois qu’il est loin de sa famille. Photo : Antonio Matimbe
Déclarer une famine
Avant qu’une famine ne soit déclarée, la situation du pays concerné doit être évaluée selon un ensemble de normes internationales communes, à l’aide du
Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire est mesurée sur une échelle comportant cinq phases :
- Phase 1 (Minimale) : Les ménages parviennent à combler leurs besoins alimentaires et non alimentaires essentiels sans recourir à des stratégies atypiques ou non viables d’accès à l’alimentation et au revenu.
- Phase 2 (Stress) : Les ménages ont une consommation alimentaire minimale adéquate. Toutefois, ils ne peuvent se permettre certaines dépenses non alimentaires essentielles sans recourir à des stratégies d’adaptation au stress.
- Phase 3 (Crise) : Les ménages ont une consommation alimentaire insuffisante qui se traduit par une malnutrition aiguë.
- Phase 4 (Urgence) : Les ménages ont une consommation alimentaire largement insuffisante qui se traduit par une malnutrition aiguë très élevée et une mortalité excessive, ou recourent à des stratégies de subsistance d’urgence pour faire face au manque de nourriture.
- Phase 5 (Famine) : Les ménages souffrent d’un manque extrême d’accès à l’alimentation, ce qui conduit à des niveaux de malnutrition extrêmement aigus, la famine, la misère et la mort.
Lorsqu’une crise alimentaire se déclenche, il peut s’écouler un certain temps avant que les médias parlent officiellement de famine. Il y a une raison à cela. La famine est la phase la plus dramatique, car on parle alors déjà de pertes humaines. Lorsque la phase 5, ou famine, est atteinte, cela signifie que :More than 30% of the population is acutely malnourished.
- Plus de 30 % de la population souffre de malnutrition aiguë.
- Au moins 20 % des ménages sont confrontés à une pénurie extrême de nourriture.
- Au moins deux personnes (ou quatre enfants) sur 10 000 meurent chaque jour.
La COVID-19 continue de représenter un danger accru de malnutrition pour les enfants au Soudan du Sud. Photo : Scovia Faida Charles
La brutale réalité de la famine
Il semble presque impossible de faire figurer les mots « famine » et « Canada » dans la même phrase. Si le Canada se trouvait confronté à une famine, les statistiques seraient les suivantes :
- Près de 11 millions de personnes souffriraient de malnutrition aiguë.
- Plus de 2,6 millions de ménages seraient confrontés à une pénurie extrême de nourriture.
- Au moins 7 200 personnes, ou 14 400 enfants mourraient chaque jour.
Par exemple, la crise alimentaire qui a frappé la Somalie de 2010 à 2012 a fait plus de 260 000 morts. La famine n’a été officiellement déclarée qu’en juillet 2011. À ce moment, plus de la moitié de ces 260 000 personnes étaient déjà mortes.
Comment aider à lutter contre la faim et la famine
Les choses ne peuvent être plus claires : il ne faut pas attendre que la communauté internationale déclare une famine avant d’agir. Trop de vies sont en jeu.
Même si la communauté internationale a aidé le Soudan du Sud à sortir de la famine en 2017,
la menace y plane toujours (article en anglais), tout comme en République démocratique du Congo, en Afghanistan, au Venezuela, en Éthiopie, au Soudan, en Syrie, au Nigeria en en Haïti.
Les systèmes sont complexes, c’est vrai. Les crises alimentaires et les famines sont le résultat d’un grand nombre de facteurs, parmi lesquels on compte principalement les conflits, les politiques gouvernementales, le ralentissement économique, les changements climatiques, la pauvreté, la sécheresse et les catastrophes naturelles. Pour de nombreux pays qui traversent une crise alimentaire, tous ces facteurs entrent en ligne de compte.
Certains de ces facteurs ne peuvent pas être facilement maîtrisés, c’est aussi un fait. Cependant, il est possible d’agir sur nombre d’entre eux.
Si la faim constituait déjà un enjeu majeur avant la pandémie de COVID-19, la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver le problème et risque de faire reculer des années d’avancées dans ce domaine. Vous pouvez vous engager aux côtés de Vision Mondiale pour lutter contre la faim et l’insécurité alimentaire en
parrainant un enfant ou en
faisant un don.
Maria (à droite de la photo) vit à Villa del Rosario, en Colombie, avec deux de ses enfants. Depuis qu’elle a fui la crise alimentaire au Venezuela, elle compte sur les bons alimentaires de Vision Mondiale pour survivre. Photo : Chris Huber
By Avery Milo Parducci, World Vision
Edited by Tatiana Almeida, World Vision Canada