Il faut tout un village pour nourrir une famille

mars 16, 2018
8-Minute Read

Si vous connaissez le monde des blogues culinaires canadiens, vous avez sûrement entendu parler d’Aimée Wimbush-Bourque. Les quelques 28 000 lecteurs de son blogue, très dévoués et qui la suivent également sur Instagram, se tournent vers elle lorsqu’ils ont une envie d’une recette délicieuse, réaliste, qui plaira aux enfants et qu’ils pourront cuisiner eux-mêmes.
 
Ce blogue (Le blogue est disponible en anglais seulement) est né d’une période solitaire dans la vie d’Aimée, et est devenu une véritable communauté, qu’elle chérit : « Je venais de quitter le secteur de la restauration et je m’occupais de mon premier enfant à la maison. Je cuisinais toujours beaucoup car, pour moi, la nourriture a toujours constitué un moyen d’exprimer mon amour », m’explique-t-elle. Quelqu’un lui a alors suggéré de créer un blogue, et au fur et à mesure qu’elle diffusait ses recettes en ligne, des personnes répondaient à ses publications.
 
Elle continue : « Certaines personnes ont commencé à lire mes publications il y a 12 ans et continuent de les suivre et de s’impliquer. C’est une communauté à laquelle je consacre beaucoup de temps, et qui me le rend bien. »

La famille dans son jardin
La famille Bourque dans son jardin. Regardez les poules à droite ! Photo (et ci-dessus) : Tim Chin  

Discuter avec Aimée m’a rappelé une autre puissante combattante pour l’alimentation rencontrée en Bolivie en décembre dernier (L'histoire est disponible en anglais seulement. Bientôt en français). Delia est dirigeante de communauté et jardinière. Elle s’est associée avec d’autres mères pour garantir que l’alimentation de sa communauté soit variée et riche en aliments sains. Elle détient même une recette de « riz vert » qu’elle a transmise à tous ceux qui ont eu la chance d’acheter les délicieux épinards de son jardin.

Delia et ses deux fils dans leur jardin en Bolivie
Delia et ses deux fils dans leur jardin en Bolivie. Photo : Megan Radford
 
Alors que j’en fais part à Aimée, elle me parle avec enthousiasme d’une recette de crêpes aux épinards qu’elle a publiée dans son second livre de recettes. « Mes enfants l’ont surnommée “Crêpes de Hulk”. C’est leur déjeuner préféré. C’est juste une recette que j’ai inventée, car j’ai découvert que sous forme de crêpes, les enfants mangent presque de tout. »

Un déjeuner délicieusement vert.
Un déjeuner délicieusement vert. Photo : Aimée Wimbush-Bourque
 
Sous la forme de crêpe... ou de tortilla ! À l’instar de notre histoire sur la Super-tortilla, remplie de nutriments (L'histoire est disponible en anglais seulement. Bientôt en français), Aimée a trouvé de nombreuses façons de faire manger des légumes à ses enfants. Cela ne la surprend pas que Delia ait la même mission.
 
« Les mères du monde entier se posent la même question : “Comment puis-je encourager mes enfants à manger des épinards, ou juste à manger plus sainement ?“ C’est la question que l’on me pose le plus souvent », me confie-t-elle.
 
Mais pour elle, la cuisine avec des enfants signifie plus que l’alimentation. Il s’agit aussi de les impliquer dans le processus.
 
« Faites en sorte qu’ils se sentent les bienvenus dans la cuisine et le jardin. Ils vous surprendront, ils se montreront à la hauteur. Ils sont incroyablement fiers de cela », assure-t-elle à ses lecteurs.
 
Je lui explique comment Delia a aussi impliqué ses enfants dans le jardin, comme moyen de les éloigner de la vie de gang qui imprègne leur quartier. Ils étaient si fiers de me montrer les plantes dont ils s’occupent dans le jardin de leur mère.

Delia et son fils Eliasar me montrent un arbre dont il s’occupe.
Delia et son fils Eliasar me montrent un arbre dont il s’occupe. Photo : Megan Radford  

À son tour, Aimée me raconte comment un de ses fils a appris ce qu’était la persévérance lorsqu’une marmotte a ruiné ses plans de pois, qui venaient tout juste de pousser.
 
« Il était plutôt jeune, avait peut-être quatre ou cinq ans, et il avait les joues baignées de larmes. Il n’a pas dit un mot, il a juste marché jusqu’au cabanon du jardin, a pris les graines et les a replantées. Je n’ai pas eu à lui dire de ne pas s’inquiéter, il a juste tout recommencé, il n’abandonnait pas. »
 
Bien qu’ils vivent sur un autre continent, je suis persuadée que les fils de Delia apprennent les mêmes leçons, et qu’ils vivent les mêmes victoires au quotidien dans leur jardin, sous son œil attentif. En fin de compte, ce qui importe à Aimée, c’est que « nous aspirions tous au meilleur pour nos enfants. »

Aimée et sa fille Clara, cueillant des framboises.
Aimée et sa fille Clara, cueillant des framboises. Photo : Tim Chin
 
La nourriture et la nutrition jouent le rôle de lien : « Nous souhaitons tous nous connecter les uns aux autres, la nourriture représente le décor quotidien qui encourage cette intimité.  Peu importe la culture dans laquelle vous évoluez. Ou la ville. Le simple fait de se retrouver assis autour d’une table invite au rapprochement. »
 
Avec les bons outils et beaucoup d’amour, nous pouvons vaincre la malnutrition et la pauvreté dans les communautés comme celle de Delia. Vous joindrez-vous à nous ? Rejoignez le mouvement Village2Village
 
Regardez la vidéo d’Aimée, qui nous parle de son village, et de la place de la communauté dans sa vie :